La Haute-Corse a ce talent rare de tout offrir en quelques kilomètres : une citadelle qui veille sur la mer, des villages en nid d’aigle, des criques claires comme une eau de source et des sentiers qui sentent le maquis. Voici une semaine taillée pour prendre le pouls du nord de l’île, avec des journées bien rythmées, des haltes qui comptent et des petits détours qui changent tout.
Jour 1 – Calvi, entrée en matière grand angle
On commence par Calvi, carte postale qui vit vraiment. En bas, le long du quai Adolphe-Landry, les terrasses regardent les bateaux ; en haut, la citadelle génoise (XIIIᵉ) déroule ses ruelles pavées jusqu’à la cathédrale Saint-Jean-Baptiste. Faites un saut à l’église Sainte-Marie-Majeure, toute en rondeurs baroques, puis au marché couvert (ouvert le matin, 8 h – 12 h 30) pour remplir le panier : charcuterie, fromages, huile d’olive… le meilleur carburant pour la suite. L’après-midi, filez pieds nus sur la grande plage ourlée de pins : cinq kilomètres de sable face à la citadelle, décor impossible à oublier. Au coucher du soleil, grimpez vers la pointe Saint-François : la forteresse s’embrase, la baie se dore, et vous comprenez alors tout le sens de ces vacances en Corse.

Jour 2 – Falaises et belvédères : Revellata, Serra, Spanu
Cap à l’ouest de Calvi pour une boucle jusqu’au phare de la Revellata : environs 9 km A/R sur un sentier côtier, criques sauvages et roches dorées au programme (comptez 3 h tranquilles, chapeau et eau de rigueur). En remontant, halte à Notre-Dame-de-la-Serra : la chapelle domine la baie et les montagnes ; la statue de la Madone, remplacée en 2023 après la foudre, veille sur Calvi comme une mère poule. Finissez du côté de Punta Spanu, promontoire sculpté par le vent ponctué de petites criques : rochers polis, tour génoise et baignades « de fin de journée » qui valent une sieste.
Jour 3 – La Balagne perchée : villages de caractère
Place à la Balagne, « jardin de la Corse » qui aligne des villages suspendus au-dessus de la mer. Sant’Antonino (500 m d’altitude) s’explore au rythme des passages voûtés et des escaliers serrés ; au sommet, un 360° avale vallées et Méditerranée. À Pigna, poussez les portes : luthiers, potiers et artisans travaillent à l’ombre des volets bleus, idéal pour un souvenir qui a du sens. Corbara, en amphithéâtre, déroule sa grande église baroque vers la mer, tandis qu’Aregno cache un bijou roman à la Trinité. Prenez le temps de vous perdre : ici, la bonne photo est souvent à l’angle suivant.
Jour 4 – L’Île-Rousse et les plages de poche
Matinée urbaine à L’Île-Rousse : ruelles piétonnes, façades claires et marché couvert à 21 colonnes (ouvert toute la journée en saison), parfait pour un pique-nique à deux pas de la plage au sable clair et aux eaux peu profondes. Glissez-vous jusqu’à Algajola pour le charme d’un bourg en bord de mer, puis choisissez votre duo de plages : Ghjunchitu (parking repéré le long de la route, petite marche à travers le maquis) et Bodri, reliées par un sentier côtier. Ici, la palette passe du laiteux au turquoise, et on comprend vite pourquoi certains ne dépassent jamais la Balagne.

Jour 5 – Scandola & Girolata : le jour « waouh »
Dès que la météo est belle, cap sur la réserve naturelle de Scandola : falaises de granit rouge classées à l’UNESCO, grottes, arches… En saison, les sorties en bateau depuis Calvi offrent la meilleure lecture des reliefs ; hors saison, l’alternative est royale : le « chemin du facteur » vers Girolata. Au départ du parking de Bocca a Croce, comptez env. 10 km A/R (≈ 3 h, D+ 350 m). On descend sur la baie de Tuara, puis un balcon au-dessus de la mer vous dépose sur le village, accessible uniquement à pied ou en bateau. Pour le retour, la variante Mare e Monti (balisage orange) remonte dans le maquis, moins escarpée mais un peu plus physique. Sur la plage, ne soyez pas surpris si quelques vaches ruminent face aux vagues : ici, même elles prennent des vacances.

Jour 6 – Galéria et la vallée du Fango : l’île côté rivière
Changez d’élément : à Galéria, un court sentier mène au delta du Fango, avec une vue magnifique sur l’embouchure et la plage sauvage de Ricciniccia, dans un site classé Réserve de biosphère. En amont, la vallée du Fango aligne vasques et cascades émeraude : depuis Ponte Vecchiu, un agréable chemin (≈ 4 km jusqu’à Tuarelli) longe la rivière, parfait pour une balade ponctuée de bains d’eau douce quand il fait chaud. C’est la parenthèse « pieds dans l’eau » qui équilibre la semaine.
Jour 7 – Saint-Florent & les Agriates… ou Cap sur Nonza et Bastia
Deux finales, deux ambiances.
Option 1 : Saint-Florent, port pimpant au pied d’une citadelle, terrasse obligatoire pour regarder les allées-venues sur les quais. Par la piste (ou en bateau l’été), gagnez les plages du Lotu et de Saleccia ; sinon, marchez une portion du sentier des Douaniers depuis Fornali jusqu’à la tour de la Mortella (A/R ≈ 12 km faciles). Astuce : au niveau de Fiume Santu, on traverse un cours d’eau les mollets dans l’eau — agréable par chaud, rafraîchissant le reste du temps. À la sortie du désert, l’Ostriconi déroule un lagon sauvage encadré de dunes : l’une des plus belles vues sable-mer de la région.
Option 2 : tirer un trait sur le Cap Corse. Nonza, perché 150 m au-dessus d’une immense plage de galets noirs, offre un panorama à couper le souffle depuis la tour Paoline ; la plage, façonnée par des rejets miniers au XXᵉ siècle, intrigue autant qu’elle impressionne (plus de 500 marches pour y descendre). Fin de journée à Bastia : citadelle de Terra Nova, vieux port, places animées – une dolce vita à l’italienne qui donne envie de prolonger.

Revellata, Scandola, Agriates : le duo gagnant Calvi–Saint-Florent
Basez-vous deux fois plutôt qu’une : trois/quatre nuits autour de Calvi pour rayonner sur la Balagne, Revellata et Scandola ; puis deux/trois nuits vers Saint-Florent pour les Agriates et, si l’envie vous prend, un crochet vers Nonza et Bastia. Cela évite de longues navettes quotidiennes et laisse du temps aux vraies pauses.
La voiture reste l’alliée idéale : routes splendides mais « joueuses », on prévoit large et on embrasse le slow-travel. Côté saisons, mai-juin et septembre-octobre sont parfaits (mer agréable, températures douces, randos confortables) ; en toute fin d’octobre, certains restaurants et hôtels baissent le rideau, surtout en bord de plage : anticipez pour les repas du soir.
Pour la table, fiez-vous aux cartes courtes et aux produits du coin (brocciu, veau, poissons) ; à Calvi, on trouve de bonnes adresses du bistrot de port à la trattoria à pizza au feu de bois, et même une cantine locale pour goûter canistrelli, beignets de courgettes ou un tiramisu aux canistrelli — de quoi contenter tout le monde sans y laisser sa bourse.
Cet itinéraire n’empile pas des « spots », il raconte une semaine où chaque journée a sa couleur : l’ocre de Scandola, le bleu pâle des plages de Balagne, le vert du Fango, le gris argenté des galets de Nonza. Prenez le temps de lever les yeux, de discuter avec les artisans, de goûter ce qui mijote et de changer le plan si la lumière est plus belle ailleurs : en Haute-Corse, c’est souvent la petite bifurcation qui devient votre meilleur souvenir.





















